Gouvernance

Les Cravates roses

17 novembre 2016

La gouvernance est un monde d’hommes dans lequel peu de femmes parviennent à s’infiltrer. Malgré tout, certaines se mobilisent pour la parité et comptent bien renverser la vapeur. Coup d’œil sur l’initiative Cravates roses.

En 2013, les femmes représentaient 15,9% des membres des conseils d’administration (CA) des sociétés du Financial Post 500, un classement regroupant les plus grandes sociétés canadiennes. Au Québec, elles occupaient plutôt 19,8% des sièges. Ces données, tirées de l’Enquête Catalyst 2013 : Les femmes membres de conseils d’administration selon le classement Financial Post 500, mettent en exergue l’écart marqué entre gouvernance masculine et féminine au pays.

Pour déjouer ces statistiques, la Conférence régionale des élus de Montréal a lancé Cravates roses. Aujourd’hui chapeautée par Leadership Montréal, cette initiative vise l’atteinte de la parité au sein des CA dans la région de Montréal. Son comité stratégique est composé d’une dizaine de femmes administratrices sur les plus grands CA au Québec, dont Danielle Laberge (CA Aéroports de Montréal) et Sylvia Morin (CA Hôpital de Montréal pour enfants).

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Cravates roses met en place différentes actions pour faciliter la voie aux femmes intéressées par la gouvernance et pour promouvoir la parité. Pas question toutefois d’exiger la parité, selon Nadine Gelly, membre du comité stratégique de Cravates roses depuis novembre 2015. « On ne souhaite pas que les organismes et entreprises soient obligés d’inclure des femmes dans leur CA, explique-t-elle. On travaille plutôt pour que tout le monde comprenne que les femmes ont autant leur place que les hommes dans les lieux décisionnels ».

Changer d’attitude

Et les premières à convaincre, ironiquement, sont les femmes elles-mêmes. « Les femmes sont capables de gouverner, il n’y a pas de doute, affirme Mme Gelly, mais elles sont souvent gênées de proposer leur aide et elles manquent trop souvent de confiance en elles. Les femmes doivent changer d’attitude, foncer et prendre leur place parce que personne ne leur donnera. » Celle qui est directrice générale de La Vitrine et qui siège sur trois CA en plus du conseil de Cravates roses confirme d’ailleurs que le Boys club est bel et bien réel en gouvernance, y faisant face régulièrement.

Afin d’encourager et d’outiller les femmes, Cravates roses propose des formations d’initiation à la gouvernance. Différentes thématiques y sont abordées telles que les types de CA et leurs implications, la prise de parole convaincante, le réseautage menant à des opportunités et les relations publiques stratégiques. Des conférences traitant de l’évolution professionnelle des femmes et de la parité sont aussi organisées, mettant en vedette des personnes influentes comme Monique Jérôme-Forget, Isabelle Hudon et Robert Chevrier.

Mettre les femmes de l’avant

Dans l’optique de promouvoir les femmes et leur potentiel, la banque des Cravates roses regroupe des candidates qualifiées pour occuper un poste de gouvernance. Un outil bien utile pour les organismes et entreprises souhaitant recruter des femmes dans leur CA.

Mais cette banque permet également de pousser la visibilité des femmes plus loin. Plusieurs fois par année, Cravates roses organise des événements de réseautage réunissant les candidates de la banque et des organisations et entreprises. Le but avoué : mettre les femmes de l’avant. « Un CV, ça ne vend rien, lance Nadine Gelly. On m’a toujours recruté par l’entremise de contacts pour des CA, et je recrute aussi souvent lors d’événements. » L’idée est donc de présenter les femmes aux bonnes personnes et de les accompagner dans le réseautage stratégique, car selon l’administratrice, plus une femme est connue dans un milieu, meilleures sont ses chances qu’on pense à elle pour combler un poste dans un CA.

Autant par l’entremise de Cravates roses que dans son entourage professionnel, Mme Gelly se réjouit de constater depuis quelques années que les jeunes femmes semblent plus confiantes et audacieuses qu’auparavant. Elles portent aussi plus d’intérêt envers les rôles de gouvernance.

Poursuivre les efforts

Malgré ces bonnes nouvelles, le comité Cravates roses, de concert avec Leadership Montréal, poursuit ses efforts pour étendre la portée de l’initiative et changer les mentalités. « Aujourd’hui, la parité est un chiffre. Je me bats pour qu’elle devienne une qualité », conclut la femme d’affaires. Elle y va aussi de quelques conseils pour intégrer un CA :

  • Choisir le type de CA et le secteur dans lesquels l’on souhaite s’investir.
  • Déterminer les compétences que l’on peut apporter dans un CA. Les bonnes idées ne sont pas suffisantes.
  • Participer à des activités de réseautage dans le secteur qui nous intéresse pour se faire connaître, mais aussi pour en apprendre plus sur le milieu.
  • Contacter les gens de son réseau œuvrant dans le secteur qui nous intéresse et leur faire part de nos intérêts à intégrer un CA.
  • Avoir confiance en soi.

Mesdames, n’hésitez pas à vous renseigner et passer à l’action!