Les préjugés en milieu de travail ont la vie dure. Il y en a beaucoup et nous en avons toutes et tous!
Dans un article de L’actualité, la journaliste Noémi Mercier nous rappelle le résultat de nombreuses recherches menées depuis des décennies : pour un même comportement, notre perception change selon qu’il soit adopté par Howard ou par Heidi.
Howard peut exprimer de l’assurance dans ses compétences, vanter ses réalisations et afficher ses grandes ambitions : nous n’y verrons que le reflet d’une personne qui sait ce qu’elle veut et qui vise haut. Heidi, elle, risque d’être étiquetée d’arrogante, de prétentieuse ou d’égocentrique. Vous comprendrez alors aisément que la marche pour l’accès aux postes de direction devient plus difficile à gravir pour Heidi.
Mais qui, encore aujourd’hui, entretient ce genre de préjugés et surtout, comment les combattre?
Répondez tout d’abord à cette énigme : Un garçon de treize ans est en voiture avec son père quand ils ont un accident. Le père meurt sur le coup et le fils est transporté d’urgence à l’hôpital. L’urgentologue de l’hôpital est appelé en urgence pour l’opérer, mais au moment d’entrer dans la salle d’opération, il voit le garçon et dit : « Je ne peux pas l’opérer, c’est mon fils ». Comment est-ce possible?
Est-ce que ça vous a pris un certain temps avant de comprendre qu’il s’agissait de la mère de l’adolescent? Peut-être avez-vous pensé qu’il s’agissait d’un couple gai. C’est ce qu’on appelle un biais cognitif.
Moi, je n’ai rien à me reprocher!
Même si vous pensez que vous n’avez pas de biais négatifs et que vous faites une lecture bien objective d’une situation, votre cerveau vous joue des tours. Comme nous tous et toutes. Il associe des rôles ou encore des comportements acceptables à des hommes ou des femmes.
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Je ne sais pas vous, mais moi ça me décourage de lire tout ça. Je me dis alors : « Elle est où la solution? »
On dit aux femmes d’oser, de dépasser leurs limites, de se fixer des objectifs à la hauteur de leurs ambitions. Mais, par ailleurs, on leur rappelle que de tels comportements les pénaliseront. Elles ne peuvent ainsi se permettre de tenir les propos que peut tenir un homme.
Devant ce portrait déprimant, j’aime à croire que nous avons le pouvoir, à la fois individuel et collectif, de changer les choses.
Un changement de comportements
Pour moi, la solution passe par une prise de conscience de nos biais cognitifs.
Je suis la première à parfois avoir de la difficulté à accepter qu’une chroniqueuse à la télévision soit très affirmative dans ses propos. Je les perçois comme de l’agressivité mal placée. J’ai aussi sans aucun doute été plus dure avec des femmes en milieu de travail en me drapant de mes convictions qu’il s’agissait de femmes peu aimables simplement parce qu’elles étaient plus affirmatives.
Encore aujourd’hui, lorsque je rencontre des femmes très affirmées, je ne suis pas convaincue que j’aimerais travailler avec elles. J’ai quelques exemples en tête de Heidi que je trouve trop « masculine » dans leur approche.
Je fais mon mea culpa et j’essaie sincèrement de changer mon regard sur ces consœurs de travail. Pas facile! J’ai souvent la conviction que j’ai raison de penser ainsi. Qu’elles sont « objectivement » peu aimables.
L’entraide
L’autre solution passe par l’entraide féminine au travail. La rivalité n’a pas sa place. Cet état d’esprit cache souvent un manque de confiance. Comme si l’on ne pouvait pas toutes briller en même temps. Et pourtant, je suis convaincue que de soutenir une collègue dans son désir d’avoir une promotion, aura un effet boomerang . Vous serez perçue comme ayant un leadership inclusif, vous gagnerez la reconnaissance de vos pairs.
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Ce n’est pas anodin de dire à une collègue « Tu devrais poser ta candidature sur ce poste. Tu as les compétences pour devenir la cheffe d’équipe. » Vous entrouvrez une porte qu’elle n’avait peut-être pas envisagé pousser. Vous validez ses capacités. Vous jetez peut-être à terre les doutes qu’avait votre collègue de ne pas être acceptée dans son nouveau rôle. C’est un geste puissant – et pourtant tout simple – que vous posez.
Je crois sincèrement que nous avons le pouvoir, ensemble, de changer les choses. Ça ne changera pas les statistiques demain matin, mais ça peut – dès demain matin – changer la progression de carrière d’une Heidi et – grâce à l’effet boomerang – changer la vôtre.