Gouvernance

Groupe Femmes, Politique et Démocratie

1 décembre 2016
Rédaction: Élise Cossette

Photo : Maude Perreault-Lavoie

En 2016, les mythes gravitent encore autour des femmes et de la politique. Et malgré les ouï-dire d’un électorat non sexiste, toujours moins d’un tiers des sièges dans les conseils d’administration sont occupés par des femmes. Même tableau pour le nombre de députés féminins à l’Assemblée nationale.

Depuis 1999, le Groupe Femmes, Politique et Démocratie (GFPD) travaille sur cette question de parité. Cet organisme non partisan à but non lucratif promeut l’augmentation de la participation féminine en politique. Quel mythe doit-on détruire pour atteindre la parité? Et comment y parvient-on?

Réveiller les ressources

Politologue et formatrice au sein du groupe, Gaëtane Corriveau explique que « les femmes ont souvent une méconnaissance de la vie politique  ». Beaucoup d’entre elles n’envisagent pas d’évoluer vers cette sphère, même si leurs capacités sont au rendez-vous.

Faites-vous partie, par exemple, de ces mères qui s’investissent à l’école de leur enfant? Cette expérience est très formatrice. Et c’est justement après avoir siégé au conseil d’établissement d’une école que plusieurs femmes s’intéressent à la dynamique politique du milieu scolaire. Cette implication explique entre autres que la parité soit atteinte dans les commissions scolaires.

Mais peu importe que vous soyez mère ou non, tout parcours de vie permet de gagner de l’expérience grâce à la participation citoyenne. Si vous faites partie d’un comité, d’un regroupement sportif ou si vous faites du bénévolat, vous bénéficiez de diverses compétences. Oui! Le GFPD veut vous montrer que celles-ci peuvent être mises au service du bien commun et public, comme en politique municipale, provinciale ou fédérale.

Gaëtane Corriveau soutient qu’il faut « tenter de réveiller toutes ces ressources chez les femmes pour qu’elles prennent conscience de leurs capacités ». Plusieurs formations du GFPD s’offrent donc à vous, tant sur la participation citoyenne que sur la démocratie représentative.

Douter des compétences

Très souvent lorsqu’on parle de femmes et de pouvoir, on mentionne les obstacles qu’elles rencontrent comme la conciliation travail-famille ou les disparités salariales. Toutefois, Mme Corriveau explique qu’il y a aussi ceux qu’elles-mêmes s’imposent. L’autoévaluation en fait partie. Elle découle d’un biais culturel — la socialisation genrée — amenant les femmes à évaluer leurs lacunes plutôt que leurs compétences.

Cette sous-évaluation, qui tire ses racines de notre éducation, est intimement liée à l’argument légendaire disant que la-compétence-prime-sur-les-quotas. Avant même que des candidates se présentent, on cherche à vérifier si elles ont les aptitudes requises. Toutefois, comme le souligne le GFPD, on ne présume jamais de l’incompétence d’un homme . Nos voisins du Sud illustrent parfaitement ceci avec leur récente élection présidentielle : « On n’a pas reconnu les compétences et les qualifications d’Hillary Clinton », affirme Mme Corriveau. Voilà le mythe légendaire qui se déboulonne peu à peu.

À ce sujet, le GFPD appelle à une loi sur la parité qui garantirait que les femmes compétentes ne soient pas discriminées selon leur genre. Et les quotas dans tout ça? Pascale Navarro, administratrice du GFPD, soutient qu’ils sont nécessaires. Aux femmes qui ne veulent pas obtenir un poste pour remplir un quota, elle répond que « les hommes profitent déjà d’un contexte sociohistorique qui les avantage ». La sous-représentation féminine en politique naît de problèmes de perception traditionnels. Les quotas serviraient de mesures transitoires pour catalyser l’ascension des femmes à des postes électifs.

Passer à l’action

Afin de s’attaquer à la sous-représentation féminine en politique municipale, Mme Corriveau a créé en 2013 le projet SimulACTIONS. Comme son nom laisse entendre, l’activité prend la forme d’une simulation. « Les femmes avaient manifesté le besoin de connaître davantage les rouages du municipal et de démystifier le rôle des élus », précise la conceptrice. Quoi de mieux que de s’asseoir dans le siège d’un maire ou d’une mairesse? L’activité permet aux participantes de simuler une séance de comité plénier et de conseil municipal. Les élus municipaux y agissent à titre de mentors et transmettent leur expertise aux femmes.

La première édition de ces simulations a eu lieu en 2013 à Magog et à Drummondville, avant les élections municipales. Le GFPD visait l’objectif que 30% des participantes briguent un poste électif. Résultat? Elles ont atteint 60%, rien de moins! Cette expérience fort concluante leur a mérité le prix Égalité 2015, décerné par le Secrétariat à la condition féminine du gouvernement.

Si la politique municipale vous intrigue, les prochaines SimulACTIONS se dérouleront en février 2017 à Montmagny. Elles sont ouvertes aux femmes de toutes les régions. La ville de Montréal et le Conseil des Montréalaises ont pris exemple sur cette initiative et organisent maintenant les simulations Cité Elles MTL. Celles-ci auront lieu en janvier et février 2017 à l’hôtel de ville.

Selon madame Corriveau, l’essentiel à retenir, c’est « qu’il faut déconstruire les préjugés » . Cela passe par l’éducation et la participation citoyenne, deux aspects qu’embrasse bien la mission du GFPD.