« Si je méritais un meilleur salaire, on me l’offrirait. » Cette pensée vous a-t-elle déjà traversé l’esprit? Vous a-t-elle même déjà empêché de demander une augmentation salariale? Si oui, vous êtes « victime » du mythe de la méritocratie. Mais rassurez-vous, vous n’êtes pas seule.
La méritocratie consiste à croire que le salaire, les récompenses et les promotions dépendent du mérite objectif du travail d’une personne. Celui ou celle qui adopte cette croyance investira tous ses efforts sur ses tâches et sa performance au travail puisqu’il ou elle est convaincue que les récompenses suivront naturellement.
« Or, dans l’univers du travail, ça ne fonctionne pas comme ça, affirme Sophie Audet, coach d’affaires professionnelles et avocate. Il y a des forces humaines qui entrent en jeu, ça bouillonne, c’est politique. Bien faire son travail ne suffit pas. »
Le mythe de la méritocratie proviendrait donc d’une méconnaissance du milieu du travail attribuable, selon elle, au contexte scolaire. En effet, sur les bancs d’école, ceux qui travaillent fort sont directement récompensés par de bonnes notes. Normal donc, après 15 ou 20 ans d’études, d’être conditionné à ce fonctionnement!
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La coach confirme que ce mythe est abondamment répandu, surtout chez les femmes. « Toutes les professionnelles non gestionnaires avec qui je travaille y croient, souligne-t-elle. Le mythe est même ancré chez certaines cadres. »
Mais encore faut-il savoir quoi faire et comment faire…
Quoi faire
Que faut-il faire, alors, pour être reconnue et récompensée à sa juste valeur en contexte professionnel? Bien faire son travail, bien sûr, mais aussi rendre ses bons coups visibles auprès des décideurs pertinents! « Si vous ne faites pas d’efforts pour faire voir la qualité de votre travail, personne ne le fera pour vous », prévient Mme Audet. À vrai dire, pendant ce temps, d’autres s’affairent probablement déjà à vendre leurs propres réalisations, ce qui vous fait de l’ombre.
Malgré ce que certaines peuvent penser, l’employeur qui ne vous propose pas d’augmentation salariale malgré vos compétences et votre performance n’est pas nécessairement de mauvaise foi . « On surestime le temps que les dirigeants peuvent nous accorder, croit Mme Audet. Ces derniers sont très occupés et ne peuvent pas porter leur attention partout en même temps ». Votre employeur n’est ainsi probablement pas au fait de l’ampleur de vos responsabilités et de vos réalisations, d’où l’importance de les mettre en exergue au moment opportun.
Comment faire
Le mythe de la méritocratie étant maintenant déboulonné, comment passer concrètement à l’action? « La première année où l’on comprend le mythe, il faut entamer une période de réflexion », suggère la coach. Quelles sont les réalisations dont vous êtes fière et pour lesquelles vous vous êtes dépassée? Avez-vous de nouvelles responsabilités dans l’équipe ou un nouveau diplôme que vous pourriez faire valoir?
Questionnez-vous également sur ce que vous aimeriez obtenir. Une augmentation salariale? Des vacances supplémentaires? Une promotion? À ce stade, il est recommandé d’évaluer le marché afin d’observer les tendances et de viser quelque chose de réaliste en fonction du contexte. « La clé est de bien se préparer », confie Mme Audet.
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Enfin, prenez un moment pour réfléchir à comment mieux faire briller votre travail. Quelles sont les opportunités de rayonnement au sein de votre équipe? L’évaluation annuelle et l’arrivée d’un nouveau collègue peuvent notamment être de bonnes occasions.
Puis, assoyez-vous avec votre patron.
Sophie Audet conseille d’abord d’être convaincante dans votre intervention. Nommez par exemple quatre ou cinq réalisations dont vous êtes particulièrement fière. De plus, bien que ce ne soit pas facile, tentez d’être objective, et donc d’éviter que vos émotions entrent en jeu. Un truc? « Agissez comme si vous négociez pour quelqu’un d’autre, indique-t-elle. Cela vous donnera une vision externe de la situation. »
Enfin, soyez transparente et précise dans vos demandes, en appuyant le tout sur l’évaluation que vous aurez faite du marché.
Bien que cette démarche puisse sembler rebutante, voire déstabilisante pour certaines, la coach encourage toutes les professionnelles à foncer. « Au Québec, on est humble, on ne veut pas déranger, observe-t-elle. Mais il faut apprendre à faire valoir ses succès et à développer ses habiletés politiques pour prendre en charge sa carrière. Et on peut très bien le faire en restant authentique, intègre et honnête! »