Négociation salariale

Discuter de votre salaire, ça se prépare!

1 mars 2017
Rédaction: Jannick Bouthillette

Vous posez votre candidature pour un nouveau poste et vous savez que la question vous sera posée : quelles sont vos attentes salariales? Ou encore, vous occupez le même poste depuis maintenant trois ans et vous croyez mériter une augmentation salariale. Mais combien demander? Comment ne pas vous dévaloriser dans cette crainte, bien féminine, d’avoir le sentiment d’exagérer?

Bien sûr, pour un certain nombre de professions, il existe des documents qui permettent de connaitre les salaires du marché. À cet égard, nous vous suggérons de consulter le site Mon amie RH qui a répertorié plusieurs guides salariaux par domaine de pratique. Mais il y aussi bien des chances que ce ne soit pas votre cas et que vous soyez bien embêtée à l’idée de déterminer le montant à demander.

Élevez vos standards

Les femmes demandent moins souvent une augmentation salariale et lorsqu’elles osent finalement aborder le sujet, elles demandent généralement moins. Ces deux éléments peuvent expliquer l’écart qui se creuse au cours des années entre les salaires des hommes et des femmes.

Pourquoi demandent-elles moins? Parmi les nombreuses raisons évoquées par Linda Babcock dans son livre Women don’t ask, il y a la crainte de paraître trop gourmande et de ternir la relation professionnelle avec l’employeur (actuel ou en devenir). Ou encore parce qu’elles arrivent à se convaincre elles-mêmes qu’une telle demande serait exagérée. Elles préfèrent alors se fixer des objectifs « réalistes » en se disant que, de toute façon, elles n’arriveront pas à se voir offrir davantage.

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Leur manque de confiance en leur compétence de négociatrice les amène donc à viser des cibles qu’elles se croient en mesure d’atteindre. L’autosabotage est un réflexe à abolir dans une préparation de négociation. Définissez votre objectif et n’ayez pas peur de viser haut!

Il ne faut pas oublier que c’est une négociation que vous voulez amorcer. Rarement un employeur écoutera votre demande et vous répondra : « Mais tu te dévalorises beaucoup trop! En fait, je vais t’offrir 5 000$ de plus. » Si votre cible salariale est basse, dites-vous que l’offre le sera encore davantage.

Une conséquence encore plus insidieuse est souvent constatée lorsque vous vous fixez un objectif trop bas. Vous risquez de concéder très rapidement à un montant beaucoup trop bas. Au contraire, plus votre préparation sera en fonction d’un objectif ambitieux et moins vous serez encline à vouloir accepter un écart trop grand.

En établissant des standards modestes, vous risquez donc de vous pénaliser doublement.

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Questionnez votre réseau

Comme toute négociation, celle ayant trait à votre salaire se doit d’être préparée minutieusement. Qui dit préparation, dit réfléchir à ses arguments et surtout, valider auprès d’autres personnes la solidité de votre dossier.

Saisissez l’occasion de parler avec le plus grand nombre de personnes possibles de l’expérience qu’ils ont eu en négociation salariale. Interrogez-les par exemple sur :

  • leur préparation;
  • le déroulement de la discussion avec leur employeur;
  • leur degré de satisfaction dans le processus;
  • leurs bons coups et les moins bons.

Plus vous récolterez d’informations, mieux vous vous sentirez outiller. Poussez même votre démarche au maximum en demandant le plus de détails possible. Posez-lui des questions précises sur des points dont elle parlerait pas autrement :

  • son salaire avant la négociation;
  • le montant d’augmentation demandé;
  • le montant obtenu;
  • ce qui lui a fait dire que l’offre était satisfaisante, etc.

À cet égard, dans le but d’éviter de placer une personne devant la situation habituellement inconfortable de devoir parler d’argent sans préparation, envoyez-lui d’abord un courriel pour lui expliquer votre démarche. Précisez en quoi une discussion avec elle vous aiderait à être mieux préparer pour votre demande. Les gens refusent rarement de répondre lorsqu’ils savent qu’ils peuvent ainsi se rendre utile.

Finalement, abordez le sujet avec plusieurs personnes en prenant la peine d’en discuter avec des hommes tout comme avec des femmes. Vous serez sans aucun doute surprise de constater à quel point les hommes ont moins de scrupules à demander. Ils pourront sans aucun doute vous conseiller des stratégies différentes. Et ils vous forceront possiblement à élever vos standards.

Évaluez votre valeur personnelle

Il y a les prix du marché, mais il y a d’abord et avant tout la valeur professionnelle qui vous est propre. Avant même d’aller vendre vos mérites à un futur (ou actuel) employeur, encore faut-il que vous soyez vous-même totalement persuadée de votre apport à l’entreprise.

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Un tel exercice ne se prépare pas sur un coin de table quelques minutes avant de faire votre pitch au patron. Faites une analyse détaillée de vos dossiers, de vos réalisations. Dans la mesure du possible, chiffrez vos données. Si vous êtes en mesure de fournir la démonstration de ce que vous avez permis à votre employeur de gagner ou d’économiser grâce à votre rigueur, ces arguments revêtent un poids considérable.

Mettez par écrit toutes les initiatives que vous avez prises. Vous croyez peut-être que votre patron les connait déjà et que vous donnez simplement l’image de vous pavaner tel un paon, mais il n’en est rien. Dans le tourbillon du quotidien, votre superviseur ne peut prendre conscience de la globalité de votre travail. Par exemple, vous prenez le temps de créer une ambiance d’équipe des plus appréciée, vous mentorez les plus jeunes, c’est le temps de le mettre par écrit.

D’ailleurs, préparer un dossier écrit bien documenté peut avoir un impact réel . Cela démontre que vous prenez l’exercice au sérieux et que vous pouvez faire la démonstration des arguments que vous avancez. L’exercice peut paraitre fastidieux, mais son bénéfice est double : convaincre le patron et (surtout!) vous convaincre vous-même.