Pour briser le plafond de verre, atteindre ses ambitions, et accéder à des postes de direction et de haute direction, il y a des marches à monter. Bien souvent, cela peut passer par des types de réseautage très masculin, puisque traditionnellement, ce sont les hommes qui ont occupé – et occupent encore! – ces postes. Monique Jérôme-Forget disait « Apprenez à jouer au golf, les filles! »
Doit-on vraiment s’intéresser au golf ou au hockey pour faire progresser sa carrière et réseauter efficacement?
La coach professionnelle Inès Mahjoub et la fondatrice de la Gouvernance au féminin Caroline Codsi ne sont pas de cet avis. « Si vous n’aimez pas le golf ou le hockey, faites autre chose. Il ne faut pas hésiter à dire non avec affirmation et proposer autre chose : un souper, un événement, une conférence… », tranche d’emblée Caroline Codsi. Selon elle, ces activités de sport, ou encore les sorties nocturnes dans des salons de danseuses, ont presque totalement disparu. Et c’est tant mieux.
À quoi participer?
Elle invite cependant très clairement les femmes à assumer leur désintérêt avec bienveillance et honnêteté lors d’invitations qui ne rencontrent leurs intérêts ni professionnels, ni personnels. Même son de cloche pour Inès Mahjoub. « J’encourage les femmes à aller à un match de hockey pour réseauter, si elles ont un intérêt personnel, affirme-t-elle. Mais si on se force, on va se sentir mal, et cela va avoir des conséquences sur nos habiletés à être à l’aise et à communiquer efficacement. »
Ne pas accepter ce genre de propositions, d’accord. Mais la coach indique tout de même que pour faire avancer sa carrière, il ne faut pas hésiter à participer à des événements de maillage qui sortent de notre zone de confort . Des événements où nous ne pensions pas à première vue avoir notre place, comme des activités à la chambre de commerce ou encore des soirées organisées dans d’autres domaines que le nôtre.
« Moi par exemple, j’ai été invité à une soirée organisée par des jeunes femmes en finances, illustre-t-elle. La finance, ça m’intéresse moindrement, mais j’y ai rencontré d’autres personnes. On ne pense pas forcément à ces événements-là au départ, mais si on prend la peine d’y jeter un œil, il y a souvent un sujet de conférence ou autre chose qui peut fortement nous intéresser. »
Rester uniquement entre femmes? Non
Les deux femmes s’entendent également sur le fait que réseauter uniquement entre femmes ne permet pas d’offrir un reflet réaliste de la société et de ses complexes enjeux . De plus, cela peut nous amener à se priver de multiples occasions de rencontres enrichissantes et stimulantes en faveur de notre avenir professionnel. « Oui, on peut aller à des événements strictement féminins, mais je trouve ça dommage que l’on se coupe de la richesse de la mixité », pense Inès Mahjoub qui soutient que les femmes ne devraient jamais bannir les occasions d’échanger avec des hommes.
« Il ne faut pas se dire “je ne vais pas avec des gars car c’est le boy’s club”, ce n’est en aucun cas bénéfique pour notre carrière et pour celles des femmes qui suivront », ajoute-t-elle. En effet, pour avoir accès à des cercles de pouvoir et d’influence, cela exige d’être présente dans des événements où les hommes sont également présents. Et qu’il y ait des hommes, ou non, l’authenticité demeure la clé.
Quant au malaise ou aux angoisses qui peuvent survenir lors de ces échanges, Caroline Codsi exprime encore une fois que nous n’avons aucunement à échanger sur des sujets typiquement masculins. « On n’a pas besoin de s’embarquer dans leurs discussions très masculines. Il y a des tonnes de terrains communs : les enfants, la politique au Québec, les études, les voyages, etc., assure Caroline Codsi. Ça ne m’intéresse pas d’impressionner parce que je connais la dernière recrue du Canadien, ça m’intéresse d’impressionner parce que je suis capable d’avoir une conversation sur le remaniement ministériel. Nous ne serons jamais crédibles dans un rôle forcé. Restons nous-mêmes! »
Réseauter efficacement pour faire avancer sa carrière
La coach conseille de toujours se préparer mentalement avant un événement de maillage : « Pourquoi j’y vais? » Elle confie que le succès se situe dans le suivi des contacts que l’on tisse au gré des occasions. Car s’il s’agit simplement de remettre des cartes professionnelles et de ne rien faire avec celles ramassées, cela ne sert pas à grand-chose, insiste-t-elle.
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Si elle déplore les comportements parfois très agressifs de personnes qui récitent leur CV sans émotion ni intention, elle pense qu’il faut avant tout faire preuve de curiosité en posant des questions ouvertes. « Les événements, ce ne sont que des petites portes pour entretenir et nourrir des rencontres. Nous les bâtissons les relations! Moi j’ai eu des rencontres qui se sont transformées en amitié, d’autres en relations professionnelles durables et solides où nous nous sommes aidés, raconte Inès. Si les gens nous apprécient et se sentent en confiance, ils vont être plus enclins à nous ouvrir des portes. »
Développer sa carrière, travailler pour obtenir des postes à la hauteur de nos ambitions, tout ceci passe par la curiosité, l’authenticité, et la capacité à s’intéresser aux autres, peu importe que le contexte soit mixte, féminin ou majoritairement masculin.
Maintenant que les vieux modèles où les hommes se retrouvaient entre eux pour décider et parler business semblent s’éteindre, le temps est venu de s’en réjouir et de prendre sa place. Prendre sa place pour soi-même, celles à côté, et celles qui viendront demain à leur tour briser le plafond de verre.