Votre congé parental tire à sa fin et, depuis quelques semaines, vous vous questionnez sur votre avenir. Pencherez-vous vers un revenu familial plus élevé en adoptant la routine métro-boulot-dodo-garderie? Vous serrerez-vous la ceinture afin de vous consacrer à vos enfants? Opterez-vous pour un entre-deux en travaillant à temps partiel?
Tous les choix sont justifiés, à condition de bien en évaluer l’impact à long terme.
Mariane Chartrand a trois enfants. Après la naissance de Thomas, elle est retournée sur le marché du travail. Même chose lorsque Laura s’est pointée le bout du nez. Elle a cependant perdu son emploi alors qu’elle était enceinte de Félix, son petit dernier. Après avoir établi leur budget et évalué les différentes options qui s’offraient à eux, Mariane et son conjoint Vincent ont décidé que la famille bénéficierait du fait qu’elle reste à la maison.
Mais s’agissait-il d’un choix éclairé pour la maman?
Impacts à court, moyen et long terme
Lorsqu’un des parents, le plus souvent la mère, fait le choix de la famille, « le couple va discuter des dépenses quotidiennes, sans toutefois considérer l’impact à moyen et à long terme de l’organisation financière sur les deux conjoints », constate Hélène Belleau, sociologue et coauteure du livre L’amour et l’argent : Guide de survie en 60 questions (Les éditions du remue-ménage, 2017).
Il va sans dire que même si les dépenses sont partagées au prorata des revenus, la femme qui travaille peu ou pas du tout adoptera le niveau de vie de son conjoint, qui se situe souvent au-dessus de ses moyens. Ce faisant, sa capacité à épargner pour ses vieux jours diminue considérablement. « Arrivées à la retraite, les femmes ont donc un manque à gagner assez important, en raison notamment de l’arrivée des enfants », note Hélène Belleau. Les revenus des femmes retraitées seraient en effet de plus de 40 % inférieurs à ceux des hommes.
De quoi faire réfléchir les femmes qui songent à se consacrer à leur famille … Quoi faire pour minimiser les répercussions sur vos finances en tant que mère – en totalité ou en partie – à la maison?
Se préparer
Avant même de considérer quitter son emploi, mieux vaut se préparer adéquatement. « En fait, beaucoup de femmes font le choix de la famille en ne réalisant pas que leur autonomie financière est en jeu », note Hélène Belleau.
Incapacité à cotiser à un régime de retraite, sentiment de dépendance envers son conjoint, travail domestique non rémunéré. Les conséquences d’une perte d’autonomie financière sont multiples.
Afin de permettre aux femmes de prendre une décision qui sera avantageuse pour elles autant que pour leur conjoint et leur famille, la sociologue y va de quelques recommandations.
Planifier
Tout d’abord, planifiez en étant prête à toute éventualité. Regardez avec votre conjoint la manière d’organiser vos finances en considérant qu’une séparation peut survenir. Le rapport amoureux fait parfois en sorte que le choix de rester à la maison se fait inconsciemment. En fait, les couples dont l’union va bien croient souvent que la magie durera et que, si une séparation survenait, leurs relations demeureraient cordiales. Malheureusement, ce n’est pas toujours le cas.
Calculer
Ensuite, calculez, en vous basant sur votre salaire (ou le salaire le moins élevé), l’impact de votre décision à court, moyen et long terme en fonction du mode de gestion des finances adopté par votre couple. Les gens ont tendance à croire que l’écart entre les revenus des conjoints s’équilibrera à long terme, lorsque la femme retournera sur le marché du travail. Mais, pour que ce soit le cas, il faut prévoir sa retraite.
S’informer
Et enfin, informez-vous quant à vos droits. Beaucoup de gens croient que les conjoints de fait sont protégés en cas de séparation. C’est ce que l’on appelle au Québec le « mythe du mariage automatique ». Parce que l’État considère l’union libre au même titre que le mariage sur le plan fiscal, on a faussement l’impression que le partage moitié-moitié du patrimoine familial s’applique dans les deux situations.
Mariane avoue ne pas avoir envisagé la possibilité d’une séparation d’avec Vincent lorsque le couple a décidé qu’elle resterait à la maison. Les conjoints avaient cependant trouvé important de continuer à cotiser à un régime de retraite au nom de la maman, pendant la période où elle se consacrerait à la famille. Il s’agit là d’une manière intéressante de rémunérer le temps que Mariane a passé à s’occuper de sa progéniture.
Récemment, la maman a fait le choix de l’autonomie financière en retournant sur le marché du travail. Et vous, que choisirez-vous : l’autonomie financière ou la famille?