Réseautage

Entraide féminine au travail : une bienveillance nécessaire

30 août 2017
Rédaction: Claire-Marine Beha

Le sujet fait l’unanimité, autant chez les employées, les femmes cheffes d’entreprises que les entrepreneures : l’entraide féminine est essentielle. Que cela soit pour s’épanouir professionnellement à titre individuel, mais aussi pour améliorer la réalité de toutes les femmes au travail.

On reproche souvent aux femmes de manquer de solidarité entre elles. Vous avez sûrement déjà entendue une amie vous dire à quel point ses collègues ou sa patronne sont particulièrement acariâtres, belliqueuses, hautaines. Mais cette rivalité s’explique. Les femmes ont toujours eu moins de chance d’accéder à un poste. Cette culture de la jalousie est probablement devenue une conséquence directe et néfaste du fait que nous devons défendre notre place, et nos ambitions, deux fois plus qu’un homme .

Aider les autres, c’est s’aider soi-même

« On gagne à ce que tout le monde gagne », souligne Maryel Sauvé, coach et conférencière basée à Montréal. En effet, même si les femmes doivent davantage se battre – en plus d’avoir souvent un double emploi, à la fois au bureau et à la maison – elles ne doivent pas se considérer comme ennemies mais plutôt comme des alliées. « C’est une croyance très forte mais finalement si j’aide quelqu’un ou que quelqu’un m’aide à progresser, on gagne toutes les deux. On peut commencer à faire une grande différence, pour nous et pour les femmes qui suivront », ajoute-t-elle.

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Nombreuses sont les façons de nourrir cette solidarité.

Parmi celles-ci : faire valoir les qualités et les compétences d’une collègue lors des réunions d’équipe. « C’est tellement important de se donner du feedback positif car on reconnait en même temps qu’on a cette habilité-là nous-mêmes, c’est bon pour l’entraide et ça nourrit la reconnaissance », indique Maryel Sauvé.

Défendre et encourager

Également, défendre une collègue victime de sexisme est une bien meilleure solution que de critiquer cette dernière. Défendez vos collègues à qui l’on reproche d’être trop bossy. Le pouvoir dérange toujours, encore plus lorsqu’il est entre les mains d’une femme! Nous ne serons jamais 100% d’accord avec toutes nos collègues féminines. Il est néanmoins important de faire une distinction entre le désaccord professionnel et constructif, des critiques futiles et sexistes (les vêtements, l’apparence).

Tatiana St-Louis, fondatrice du blogue Aime Ta Marque, analyse avec lucidité ces ragots qui trop souvent sont le quotidien du bureau :

Je n’en reviens pas […] que le jugement sur le corps demeure une arme que l’on peut brandir à tout moment pour minimiser le travail d’une femme. Et encore une fois, que cette arme soit le plus souvent brandie par les femmes elles-mêmes, comme une sorte de protection à leur propre sentiment d’être inadéquate. Le fameux bully before you get bullied!

Au contraire, encouragez vos collègues et amies dans leurs ambitions, dites-leur d’appliquer sur des postes à responsabilité, boostez leur estime d’elles-mêmes… et la vôtre au passage. Car si aujourd’hui vous jouez le rôle de l’aidante, demain vous serez à votre tour la personne aidée. Contribuer aux succès des unes et des autres est bien plus gratifiant que de ne jamais partager ses expériences, ses doutes et ses envies.

Encouragez les générations de femmes plus jeunes et collaborez avec celles-ci pour qu’elles suivent votre pas dans quelques années. En effet, c’est grâce au support intergénérationnel que les opportunités d’entraide ne feront que s’agrandir et devenir monnaie courante . « C’est quelque chose à ne pas minimiser, l’effet que ça fait à une junior d’avoir l’attention d’une femme qui a réussi et qui voit en elle son potentiel », témoigne Tatiana St-Louis.

Créer un réseau ensemble

Le réseautage, qu’il soit organisé ou spontané, est l’un des meilleurs moyens de faire grandir l’entraide, précise la coach. « Traditionnellement, on voit que les hommes vont plus facilement faire du sport ou boire un verre ensemble à la fin de la journée pour échanger, et ça créé de l’entraide et du réseau. »

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Ainsi, proposez à vos collègues d’assister avec vous à des conférences, des soirées de réseautage, un 5 à 7, ou même des événements de loisirs. Le mot réseautage peut parfois faire peur, mais Maryel explique que c’est pourtant les femmes qui sont le plus enclines à réseauter. « Les femmes ont généralement davantage des compétences liées à l’intelligence émotionnelle. Si on regarde dans le passé, c’était les femmes qui créaient le réseau social de la famille, du village, etc. illustre-t-elle. On a ça en nous, créer du lien naturellement! »

Bonne nouvelle! Les opportunités de rassemblement et de soutien se sont également multipliées. Que cela soit des communautés de femmes au sein d’une profession (les Elles de la construction, le Réseau des femmes d’affaires du Québec, l’Association des femmes en finances), des groupes sur LinkedIn ou sur Facebook d’aide, l’entraide féminine permet de briser le sentiment de solitude, d’échanger sur des sujets clefs et bien évidemment, de créer du réseau, sans forcément s’en rendre compte.

Nouer des liens

Lorsque l’entraide devient une bienveillance ancrée, elle permet aussi de nouer des liens de confiance et de parler d’argent, sujet parfois complexe à aborder mais non négligeable dans une société où les femmes demeurent moins bien payées que les hommes. Parlez salaire entre vous. Si une collègue ou amie accepte un nouveau poste, rappelez-lui qu’elle doit négocier son salaire. Acceptez de divulguer votre salaire si cela peut aider!

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Tout compte fait, l’entraide féminine nous permet de s’épauler, de s’appuyer sur des rôles modèles et d’en devenir soi-même un. Des modèles de femmes qui nous ressemblent puisqu’elles sont à côté de nous et traversent, avec leurs échecs et leurs grands succès, les mêmes embûches.

Sans adhérer à un ladies’ club fermé et réfractaire aux problématiques des autres, tendre la main à d’autres femmes ne peut être que bénéfique pour nous toutes.