Pour que le message passe

Contrôlez votre voix pour mieux communiquer

3 août 2017
Rédaction: Claire-Marine Beha

Qui aime entendre sa propre voix? Presque personne! Pourtant notre voix est notre moyen de communication le plus direct. Plus que les paroles, le ton et le rythme de la voix donnent à notre personnalité tout son sens et en disent beaucoup sur qui nous sommes.

Issues respectivement du domaine des affaires et des arts, Carole Bitoun et Charmaine Leblanc ont fondé le collectif montréalais Red Rabbit qui met en place des ateliers autour du contrôle de la voix et de la confiance en soi. « Apparemment les gens ont plus peur de parler, surtout en public, que de mourir! », s’amuse Carole. Mais c’est justement cette prise de parole en public ou dans un contexte professionnel telle qu’une réunion, qui, au sens propre du terme, nous coupe le souffle.

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La respiration avant tout

La respiration et la voix sont connectées, et bien souvent, il nous faut réapprendre à avoir une pleine respiration pour prendre conscience du potentiel de notre voix. « 90% de la population ne respire pas correctement. À cause du stress et du fait qu’on nous apprenne à rentrer nos ventres, le souffle est beaucoup plus court », indique Charmaine. En effet, les cofondatrices mettent l’accent sur une inspiration qui doit venir gonfler le ventre, et une expiration qui va venir vider l’air du corps, et non l’inverse.

Parmi les outils qui aident à se réapproprier ce cycle naturel que l’on a tendance à modifier pendant la journée, la méditation pleine conscience et les exercices de respiration.

Par exemple, en se couchant sur le dos, le fait de prendre sa respiration en partant de la partie la plus basse de son corps et en expirant le son « sss » puis « mmm » de sa bouche, cela nous permet de ressentir le mouvement du son. « On peut s’imaginer comme étant un ballon que l’on gonfle puis dégonfle », illustre Charmaine.

Autre exercice pour se rendre compte de la relation souffle-voix : en position debout, une main sur le ventre et l’autre sur le sternum, répéter le son « psst » plusieurs fois comme si l’on cherchait à interpeller une personne.

Jouer avec nos différents degrés de sonorité vocale nous permet de nous rendre compte que la bouche agit comme une cage, une enceinte avec des résonateurs, qui fonctionne de concert avec la respiration. « Quand on regarde un animal ou un bébé dormir, leurs corps bougent énormément, on a l’impression d’une bombe à retardement, et bien on a encore tout ça en nous, ajoute-t-elle. C’est la même chose lorsque le bébé crie et pleure. On les a ces capacités. »

Voici quelques astuces supplémentaires!

Chanter!

« Le chant permet de décortiquer la voix de façon physique, on utilise tout ce qu’on a, on prend l’espace et on oublie le reste », indiquent-elles. En effet, dans le chant, tout est exagéré. Sans avoir des dons de chanteuse, il s’agit ici de venir tester les possibilités de la voix et d’apprendre à calquer sa respiration sur l’amplification de celle-ci. Carole indique que dans le cadre du travail, cet exercice nous apprend à travailler « la projection de notre voix » et à cesser de crier en se fatiguant.

L’exercice du « cheval »

Expirer en faisant vibrer ses lèvres, légèrement entrouvertes. Cet exercice permet de détendre tous les nerfs de la bouche. À faire rapidement dans sa voiture ou un endroit calme avant un événement stressant, ou alors de manière plus rigoureuse chez soi.

« Inspirez les bras au-dessus de la tête sans élever les épaules. Au fur et à mesure que vous expirez, relancez votre poids vers l’avant en amenant vos bras au sol (inhalation) et lorsque vous revenez en position debout avec vos bras en l’air, soufflez l’air à travers vos lèvres et créez le son d’un cheval ou d’une moto le plus longtemps possible », indique Charmaine. Une manière douce de commencer à réveiller votre technique de respiration ainsi que votre voix.

Utiliser et écouter ses silences

Que cela soit pour celles qui ont un débit de parole trop lent ou bien trop court, les silences, comme les virgules d’un texte, permettent au message de mieux passer et à la voix de rester connecté à ses inspirations et expirations. « Qu’est-ce qui créé le son? rappelle Charmaine. C’est le silence, il faut poser sa voix, ça donne de la présence et donc de la confiance . » La gestion de ces silences est personnelle à chacune, c’est pourquoi il importe de se pratiquer et de connaître son débit idéal, celui qui sonnera juste. Pourquoi ne pas enregistrer sa voix pour analyser sa véritable portée et les choses à travailler?

Être consciente

Pour ne pas paraître « fausse » dans son timbre de voix, il importe d’être là et de ne pas avoir son esprit qui divague puisque cela se voit… et se communique! Si vous arrivez essoufflée à une présentation, l’audience va avoir tendance à adopter le même comportement et à ne plus écouter votre message. Pour cela, il ne faut pas avoir peur de travailler sa voix et de l’apprivoiser . « Mettre le meilleur de nous-mêmes dans notre voix, travailler nos tics et assumer qui l’on est vocalement. C’est notre identité et il faut avoir du fun avec ça. Il y a des gens qui sont nasillards, et alors? Ça ne fait pas d’eux des mauvais communicateurs », concluent-elles.

Ces diverses pratiques n’écarteront jamais totalement le trac de la prise de parole en public. Néanmoins, connaître ses capacités vocales, savoir respirer et se garder de l’eau pour ne pas avoir la bouche asséchée à cause du stress, deviennent des petites choses qui agissent comme nos alliés. « L’individu derrière le costume doit se révéler, se pratiquer et se lancer. C’est comme tout. Et on ne se noie pas car on ne sait pas nager, on se noie car on panique », rappelle Red Rabbit.