Femmes et travail : le sujet n’est pas nouveau, me direz-vous. Vrai. Mais le livre En avant toutes – les femmes, le travail et le pouvoir, publié en 2013, est toujours aussi inspirant et brûlant d’actualité. Sheryl Sandberg, directrice de l’exploitation chez Facebook, l’a écrit pour inciter les femmes à prendre la place qui leur revient et leur prouver qu’il est possible de mener une belle carrière tout en élevant une famille.
Mais quand on possède tout – carrière, pouvoir, richesse, famille – peut-on vraiment parler au nom de toutes les femmes et tenir un discours crédible? Les convaincre qu’elles peuvent faire preuve d’ambition professionnelle sans qu’elles aient à renoncer pour autant au reste?
Mais qu’est-ce qui fait courir Sheryl Sandberg?
Sheryl Sandberg est depuis longtemps préoccupée par le faible nombre de femmes occupant des postes de pouvoir. Elle est également troublée de constater la défection des diplômées après leur mariage ou la venue d’un enfant. Elles sont pourtant 57% à décrocher leur diplôme de premier cycle et 60%, leur maîtrise.
Ce que l’auteure tente de démontrer, par son livre et ses conférences, c’est que les femmes peuvent mener à bien une carrière et élever une famille. Mais il ne s’agit plus ici de croire « qu’on peut tout faire et tout avoir », comme on nous l’a si longtemps clamé.
Selon la femme d’affaires, il s’agit de faire des choix et de les assumer. Oublier l’idée de tout concilier. Le mythe de la Super Woman qui peut tout faire et tout avoir n’est que cela : un mythe!
D’une femme à une autre
Même si son livre est bien documenté, qu’il s’appuie sur moult statistiques et études sérieuses sur la situation des femmes, il demeure captivant par les nombreuses réflexions dans lesquelles il est facile de se reconnaitre.
Elle y aborde le fameux « syndrome de l’imposteur » qu’elle reconnait ressentir elle-même. Cesser de dénigrer notre propre travail et simplement dire merci lorsque nous sommes félicitées est son meilleur conseil.
Au fil des nombreux chapitres, elle traite de sujets tels le mentorat, le perfectionnisme, la peur d’être remplacée durant le congé de maternité.
Et surtout, elle offre une réflexion inestimable sur la progression de votre carrière : saisissez des occasions plutôt que de chercher l’emploi idéal. Selon elle, nous devrions visualiser notre carrière comme « une cage à grimper et non pas comme une échelle ». En clair, pour avancer, il faut parfois faire des pas de côté et même parfois reculer d’un ou deux échelons.
Et si l’égalité commençait à la maison?
Pour Sheryl, il est clair que les hommes doivent embarquer dans la ronde et que nous, les femmes, devons les laisser faire à leur façon. Elle reprend une phrase affichée dans les bureaux de Facebook : « Mieux vaut qu’une chose soit faite que parfaite. »
D’ailleurs, la plupart des femmes qui font une brillante carrière admettent devoir leur succès à l’implication de leur conjoint dans la vie familiale. Elle cite à ce propos une remarque de Gloria Steinem : « ll n’est pas question de biologie, mais d’une prise de conscience. » En d’autres mots, il faut changer les modèles. Et les mentalités.
Pour une véritable égalité
Le livre traite abondamment des tabous et des idées préconçues entourant la réussite professionnelle des femmes. La société estime encore que celles-ci ne font pas partie de la « norme ».
Ce que tente de démontrer Sheryl Sandberg, au fond, c’est que plus les femmes cesseront de se mettre en retrait, plus elles occuperont des postes dans les hautes sphères de la hiérarchie, moins il y aura de tabous et plus la femme de carrière deviendra la norme .
Selon l’auteure, « les femmes surmonteront les barrières extérieures à partir du moment où elles obtiendront des postes de direction […] et qu’il est nécessaire d’éliminer les barrières extérieures pour que les femmes accèdent aux postes clés avant toutes choses. »
Le message qu’elle livre est on ne peut plus clair : il n’y aura point de véritable égalité des sexes tant que les femmes ne seront pas représentées à parts égales dans les entreprises et les institutions. En d’autres mots, elles doivent prendre place à la table parmi les hommes.