Le moment tant attendu est enfin arrivé : on vous a choisi, vous, parmi de nombreux candidats, pour occuper le poste que vous convoitez depuis longtemps. Après avoir survécu au processus d’embauche et passé plusieurs nuits à vous demander si vous étiez à la hauteur, on vous annonce aujourd’hui que vous êtes l’heureuse élue.
L’employeur vous propose immédiatement un salaire pour le poste décroché. Peut-être êtes-vous déçue parce que vous espériez davantage? Peut-être, au contraire, sautez-vous de joie parce que vous ne vous attendiez pas à une rémunération aussi élevée?
C’est du moins ce qui ressort de l’étude de Linda Babcock citée dans son livre Women don’t ask, qui a analysé le comportement d’hommes et de femmes ayant décroché un emploi après avoir obtenu leur diplôme de maîtrise de la Carnegie Mellon University. Les données de l’étude montrent en effet que, parmi les participants, seulement 7% des femmes ont négocié leur salaire de départ, contrairement à 57% des hommes.
En creusant un peu plus loin, on se rend compte que le salaire obtenu par les hommes dépassait de 7,6% celui des femmes. Or, la négociation permettrait d’accroître le salaire de départ de 7,4% en moyenne . En d’autres mots, si les femmes avaient négocié l’offre de l’employeur, elles auraient pratiquement atteint la parité salariale.
On peut donc se demander ce qui freine les femmes dans le processus de négociation.
Pertes et gains
Que l’on soit un homme ou une femme, on décidera généralement de négocier lorsque les bénéfices potentiels de notre demande dépasseront les risques encourus. Or, les pertes et les gains découlant d’une négociation seront différents que l’on appartienne à la gent masculine ou féminine.
De manière générale, les hommes négocieront leur salaire avec un objectif en tête, qu’ils poursuivent en misant sur leurs compétences et leurs accomplissements. Ayant une bonne idée de leur valeur professionnelle, et donc du salaire qu’ils pourraient obtenir, ils s’appuient sur leur expérience et leurs bons coups pour demander davantage. Pour eux, la négociation constitue un levier, un moyen d’arriver à leurs fins.
Grand nombre de femmes, tendent d’abord à se définir par rapport à leurs relations avec les autres. Elles recherchent avant tout l’harmonie et la coopération, veulent que leur entourage soit comblé, se demandent si leurs actions auront un impact sur leurs proches et leurs collègues. Toutefois, lorsqu’il est question de négociation, l’empathie qui les caractérise se retourne contre elles. Elles ont en effet tendance à faire passer les besoins des autres avant les leur. Ainsi, les femmes relèguent facilement aux oubliettes leurs revendications, dont les attentes salariales, de peur de froisser l’employeur, de partir du mauvais pied une relation de travail ou encore d’avoir l’air trop exigeante.
Peur et anxiété
Il faut également savoir que pour plusieurs femmes, négocier est synonyme de peur et d’anxiété. Ces sentiments nuisent non seulement au processus de négociation à proprement parler mais ils freinent aussi l’élan lorsque vient le temps de discuter avec un employeur.
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En outre, et contrairement aux hommes, de nombreuses femmes considèrent avoir très peu de compétences en matière de négociation. Elles craignent de se tromper, d’être intimidée ou de concéder trop facilement à l’autre partie. Même les plus influentes d’entre nous s’y font prendre à l’occasion.
Sheryl Sandberg, la chef des opérations chez Facebook et l’une des femmes les plus influentes au monde, reconnait dans son livre En avant toutes qu’elle a failli ne pas négocier l’offre reçue par Mark Zuckenberg. Après tout, pourquoi prendre le risque de perdre l’emploi? Et le montant offert était bien généreux. Il aura fallu que son frère, fâché, lui dise « Sheryl, pourquoi accepterais-tu d’être moins bien payée qu’un homme? »
Oser demander
Il faut savoir que c’est en début de carrière que le salaire croît le plus rapidement. En effet, comme le mentionne le Business Insider, les jeunes travailleurs ambitieux tendent à gravir les échelons et à développer leurs compétences, ce qui permet de toucher des augmentations salariales substantielles au cours de leurs premières années de vie professionnelle. La croissance salariale ralentit cependant avec l’âge pour atteindre un plateau vers la quarantaine et décroître graduellement à partir de 55 ans. Sachant que tout se joue en début de carrière, nous avons donc énormément à gagner à négocier.
Vous êtes-vous déjà demandé ce qui se passerait si vous décidiez de négocier l’offre salariale de votre employeur? Si, au lieu de craindre de froisser votre patron, vous alliez de l’avant avec vos revendications? Si vous osiez vous propulser à l’avant-scène et démontrer votre valeur professionnelle? On pourrait très bien vous dire oui…
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Dans bien des milieux de travail, on prend en considération que la femme ne négocie pas. Et un patron n’offrira pas un salaire plus élevé à une femme seulement par conscience sociale. Pourtant, la plupart des employeurs recherchent des candidates montrant de l’ambition et de la détermination. Contre toute attente, oser demander et négocier son salaire pourrait donc jouer en faveur des femmes.
Et si on négociait
Avant toute chose, il faut être conscient du jeu de la négociation. Sachant que le candidat tentera généralement d’en obtenir davantage, l’employeur se garde d’ordinaire une marge de manœuvre de 5 à 15% du salaire offert pour pouvoir négocier. Si vous ne demandez pas plus, il réalisera des économies. Si vous négociez, il sera en mesure de répondre à vos attentes. Dans les deux cas, l’employeur est préparé.
Et vous, êtes-vous consciente de votre valeur professionnelle? Connaissez-vous l’échelle salariale moyenne pour le poste que vous convoitez? Avez-vous établi vos objectifs de négociation? Bien que le salaire s’avère un incontournable, d’autres aspects du travail peuvent faire partie des négociations , notamment la possibilité d’effectuer du télétravail, la flexibilité d’horaire, les vacances, les avantages sociaux et les coûts liés à la formation continue.
Tout compte fait, accepterez-vous la première offre?